• Nicolas F (17 juin 2007)

    C'était un homme qui aimait ses enfants , mais sans jamais le leur dire .Il avait cette pudeur, cette réserve des hommes d'avant , qui ne savait pas dire «  je t'aime «  qui ne savait pas spontanément embrasser, ou faire une caresse à ses enfants.Cela ne se faisait pas; ce n'était pas une affaire d'homme! Pourtant, Dieu sait s'il les aimait !Il se serait fait tuer pour eux .
    Mais il était aussi sévère: un simple regard, du moins quand nous étions petits,suffisait à ramener le calme!

    L'été , le soir au village, il avait tous les enfants autour de lui et il contait des histoires de « Grossu Minutu » ! Il en connaissait des tas ! Et il riait avec nous comme s'il les entendait lui aussi pour la première fois.

    Il adorait ses petits enfants et , avec eux , il était beaucoup plus «  cool »!Mais l'été à l'heure de la sieste, il fallait faire silence, tant qu'il n'était pas levé;les enfants ne l'entendant pas de cette oreille, cela faisait parfois de drôles d'histoires!!
    Il était très attaché à son rôle de chef de famille: quand ma soeur et ma belle- soeur venaient l'été avec leurs enfants , tant leurs maris n'étaient pas là, il ne voulait pas qu'elles restent tard dehors comme on le fait au village (on s'assoit sur un escalier ou une murette et on discute les uns avec les autres..Alors tout le monde faisait semblant de rentrer et , dès qu'il était couché , tout le monde ressortait!!

    Il avait un appétit d'oiseau et quand il avait bu trois verres de vin , il était « gai ».Alors , cela le faisait éternuer, et il disait à ma mère: « tu as mis du poivre dans la soupe!! » ce qui nous faisait beaucoup rire!! »

    !Ma mère,avait trouvé la parade: elle vidait la moitié de la bonbonne et mettait de l'eau à la place du vin!Lui, faisait semblant de ne pas s'en apercevoir, et cela a toujours été le secret le mieux gardé et le plus connu dans la famille!!

    Il était très casanier: il se mettait sur son balcon et observait les gens du village: il avait donné un surnom à presque tout le monde, comme cela se faisait dans sa jeunesse et bien souvent, c'etait bien vu !C'était peut-être son esprit balanin!!

    Chaque année, pour le 15 août, fête du village, toute le famille le curé et des amis mangeaient avec nous: à la fin du repas, il voulait absolument faire le poirier sur une chaise , pour la plus grande joie des petits-enfants : ma mère, essayait de l'en dissuader car elle craignait qu'il ne rate son coup et se fasse mal! C'était devenu un rituel!!

    Et il aimait chanter: à chaque fin de repas , quand toute la famille était là, il chantait ; chaque fois qu'il en avait l'occasion , il faisait aussi le « chjami e rispondi » ( c'est une joute orale improvisée en chantant)! Il pouvait y passer des heures et se vantait d'avoir improvisé ainsi pendant 24 heures avec le célèbre « Lenzulone »!
    Voilà: c'était mon père.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :