• Marie-Augustine (5mai2007 )

    Au village, il y avait beaucoup de "Marie" .Celle dont je vais parler était aussi une originale à qui la vie n'avait pas fait de cadeaux :c'était Marie de "Marie-Augustine.
    A force de l'appeler ainsi , pour la distinguer de toutes les" Marie" du village, on a fini par l'appeler Marie -Augustine!
    C'était ce qu'on appelait "une vieille fille" , qui avait le brevet élémentaire(ce n'était pas rien à une époque où on ne permettait pas aux filles de poursuivre des études!)

    Elle se levait à l'aube pour s'occuper de ses jardins et de ses quelques brebis; elle abattait un travail considérable n'arrêtant jamais de s'occuper à quelque chose.

    Elle avait du caractère et se disputait souvent avec les uns et les autres:pour arroser le jardin(elle vidait régulièrement les bassins), pour son tour au lavoir, avec l'EDF pour l'installation d'un poteau près de sa maison.....

    Elle était toujours habillée comme une clocharde: vêtements déchirés, chaussures dépareillées (surtout les bottes ); quand les gens lui disaient qu'elle pourrait faire un effort de toilette, elle répondait qu'elle s'habillait ainsi pour que les gens voient que c'était une grande travailleuse!!

    Elle était la bête noire des marchands ambulants: elle leur faisait déballer toute leur marchandise '"pour choisir" et elle ne leur achetait jamais rien.

    Un jour qu'un marchand de chaussures se moquait de ses bottes dépareillées lui conseillant d'acheter des chaussures neuves, elle est partie en colère et lui a ramené dix paires de chaussures neuves !

    Elle avait toujours peur de gaspiller et se privait de tout: le maire avait dû l'obliger à installer l'eau à la maison dans les années 69/70; par la suite , elle s'était résolue à faire construire une salle de bains, mais elle ne s'en servait jamais, pour ne pas l'user!

    Et elle continuait à dormir dans une vieille pièce sans aucun confort et à vider son seau ( u cadinu) dans le vieux four sous la maison de Nicolas Fratacci: celui-ci la guettait souvent du haut de son balcon et quand elle passait avec son petit seau, pour le vider, croyant que personne ne la voyait, il lui vidait une petite casserole d'eau sur la tête en la traitant de "sale et de cochonne!!"

    Elle partait en rouspétant , mais elle revenait la nuit et vidait son seau.

    Elle était forcément la cible des enfants qui lui jouaient quelques tours pendables de temps en temps: ils lui écrivaient des lettres d'amour , signées parfois" Benjamin (qui était l'innocent du village), les déposaient devant sa porte en frappant pour qu'elle ouvre et se cachaient dans le vieux four ; jusqu'au jour où elle les a attendu et les a surpris !
    (Quelques -uns se reconnaîtront)

    Sa vie était très solitaire,car elle aussi était "hors normes".
    Je vous reparlerai de Marie-Augustine un de ces jours.


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