• Autrefois, il arrivait que les gens qui étaient à" l'aise" prêtent de l'argent à ceux qui étaient dans le besoin.Il suffisait de la parole donnée ; pas besoin de reconnaissance de dettes écrite.
    Les gens respectaient leur parole d'honneur .Lorsque l'emprunteur ne pouvait vraiment pas rembourser , le prêteur se payait sur les quelques biens que possédait l'autre: parcelles de terrain , bétail, récoltes....

    Ainsi, un jour un Colonna qui était parti faire fortune à Paris, avait prêté de l'argent à son frère.Au moment de le rembourser, celui-ci lui a envoyé une lettre pour lui dire qu'il avait eu une maigre récolte et qu'il était dans l'impossibilité de le faire, ayant à nourrir sa nombreuse famille:

    -" Le blé que j'ai semé n'a fait qu'un enfant, cette année "(Il voulait dire qu'il n'avait récolté que le double de ce qu'il avait semé: par exemple un décalitre planté n'a donné que deux décalitres); ce qui était peu!

    Le frère qui était dur en affaire, lui a répondu:
    -" Si j'avais mis cent francs à la banque et qu'il m'eut rapporté deux cents francs , je m'en serais satisfait!!"

    Mais , cela n'avait aucun rapport bien sûr!On ne pouvait pas comparer une récolte qui aurait dû donner trois fois plus au moins et de l'argent placé.


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  • Quand j'étais gamine, les poules étaient encore en liberté dans le village; on pouvait les voir déambuler en cherchant quelque chose à se mettre sous la dent.

    De temps en temps, il y en avait une qui se faisait écraser , mais ce n'était pas grave!
    Un beau jour, le maire décida d'obliger les gens à enfermer les poules en dehors du village par mesure d'hygiène:

    il faillit se faire éjecter de son siège de maire!!
    La révolution gronda ; il tint bon et finalement,cela entra dans les moeurs! Chacun construisit un poulailler et ces pauvres volatiles virent la fin de leur liberté!!
    Quelques années plus tard, comme notre poulailler était vieux,
    mon mari voulut aider mon père à en construire un nouveau:comme il n'était pas très doué en maçonnerie , celui_ci ressemblait à la tour de Pise, car il penchait dangereusement!
    Les poules ne s'en plaignaient pas mais cela faisait rire tout le village!!
    Un jour de grand vent, le poulailler s'envola !
    Mon père préféra le reconstruire lui_même !

    A l'heure actuelle, il ne reste que quelques malheureuses poules et un coq!!
    Il faut dire que les gens n'ont plus trop envie de s'occuper d'animaux et surtout ne supportent plus d'entendre chanter un coq!!


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  • Notre région était autrefois couverte de champs de blé; il y en avait tout autour du village.On peut encore voir des aires de battage du blé un peu partout dans les champs;elles sont restées intactes, toutes rondes, délimitées par des pierres enterrées debout en rond.

    Le blé était mis dans ces aires: des boeufs tournaient dedans attachées à une sorte de batteuse rudimentaire; ils étaient menés par un homme qui les encourageait , de la voix et même parfois en chantant: cela s 'appelait «  a tribbiera "


    De nos jours, il y a des reconstitutions de « tribbiere » , à l'occasion de foires rurales .
    Les gens s'aidaient mutuellement pour les travaux des champs et cela donnait lieu à des fêtes et des veillées entre voisins.

    Il y a aussi beaucoup de pagliaghji( vieilles constructions en pierre) qui servaient d'abri aux hommes aux bêtes, ou à entreposer le matériel;
    Chez nous, ils sont particuliers et ont fait l'objet d'une étude par des archéologues avec parution d'un fascicule décrivant leurs particularités.
    Les toits en terre et végétaux divers étaient parfaitement étanches; ils étaient parfois arrondis et il en reste encore beaucoup par-ci par-là.


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  • Il y avait un italien qui s'était installé au village? un peu par hasard, après la deuxième guerre mondiale. et qui y a passé toute sa vie Il s'appelait Pietro Gini.Les gens l'appelaient familièrement Pedru.Comme la plupart des italiens de l'époque, il s'était exilé pour gagner sa vie, laissant sa famille en Italie
    ;
    D'ailleurs, il n'en parlait jamais .Il vivotait de petits travaux que les gens lui donnaient à faire , surtout de la petite maçonnerie.
    Il était un peu porté sur la bouteille et il était traité avec une sorte de mépris affectueux par la population.

    Il était finalement bien intégré , mais on lui faisait sentir de temps en temps qu'il n'était pas tout à fait du village: peut-être plus parce qu'il buvait que parce qu'il était italien .

    Il ne cherchait jamais de noises à personne ; mais les jeunes ( et les moins jeunes)
    aimaient bien lui faire des blagues de temps en temps:
    un jour, ils l'ont enfermé avec Tiaré la tahitienne qui faisait la chasse à l'homme quand elle avait bu!!Comme elle était très grande et forte, elle n'en aurait fait qu'une bouchée , si certaines personnes ne l'avaient délivré d'elle; car il s'était mis à la fenêtre et il appelait à l'aide!!!

    Comme il était assez craintif , forcément , il était facilement choisi pour cible!!
    Une autre fois , il construisait un tombeau avec mon père: celui-ci qui était très farceur, l'a fait rentrer dedans sous le prétexte de voir si tout était bien terminé et il a rabattu le couvercle sur lui!!Le pauvre homme a eu la peur de sa vie!!(Heureusement, il ne l'a laissé là dedans qu'une minute!!!)

    Et puis un jour, il est tombé malade , sans faire de bruit; il est parti à l'hôpital, et il n'est plus revenu au village!
    Plusieurs années après, un de ses fils est arrivé au village: il avait réussi à retrouver sa trace! Quelle déception , pour lui d'arriver trop tard!!
    Pedru est mort seul comme il avait vécu .


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  • A l'heure actuelle, il ne reste plus que deux éleveurs au village: l'un a des brebis, l'autre des chèvres; les deux ou trois autres qui ont des vaches , les laissent s'élever toutes seules!
    Avant , il y en avait beaucoup plus; pourtant , ils n'avaient pas les facilités de maintenant!

    Mais, ils s'occupaient vraiment de leurs bêtes; le matin ils les emmenaient paître vers les champs situés au bas du village et les surveillaient sans cesse; les femmes, ramassaient les glands, les châtaignes abîmées pour les animaux ; cette cueillette était stockée dans les greniers ou dans les caves, et l'hiver , quand , il n'y avait pas assez d'herbe, on la donnait aux animaux.

    Au printemps l'herbe repoussait ,et pour qu'il y en ait plus l'année suivante, les bergers mettaient le feu au maquis; mais c'était de l'écobuage contrôlé car, comme il y avait beaucoup de jardins, cela constituait des pare-feux naturels; à présent , il y en a encore qui mettent le feu ( ce ne sont pas toujours les bergers, et cela fait des ravages , car plus rien n'arrête le feu!! )

    Ensuite, il y avait la corvée de la traite, manuelle bien sûr . Et le soir, il fallait remonter le lait au village, dans des seaux posés sur la tête!!
    Le lait , qui n'était pas écrémé était cuit; cela faisait une crème délicieuse!!! Lorsqu'on sortait de l'école, à l'heure du goûter, ma tante nous faisait des tartines de crème sur le pain: c'était délicieux!!
    Il y avait le fromage frais, qu'on mangeait frit, ou bien en beignets , et de mille façons! Le brocciu, un délice!!Puis, il y avait celui qu'on laisse vieillir, qui sent si mauvais mais qui est délicieux!

    Et les gens faisaient leur beurre eux-mêmes: ah! Le goût du beurre de notre enfance!!!
    Absolument rien à voir avec celui qu'on achète!!
    Maintenant, les chèvres et les brebis sont lâchées partout ; l'hiver on leur donne du foin , (quand on leur en donne) ;le lait est envoyé à la coopérative; heureusement que certains bergers font encore leur fromage eux-mêmes, le brocciu aussi; on ne ramasse plus les glands .
    Il n'y a plus d'ânes: il y a les 4X4!!


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